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The Virgin Suicides : un anti Teen Movie devenu classique 

Le premier film de Sofia Coppola également connue pour ses films Lost In Translation et Marie Antoinette, sorti en 1999 et adapté du roman de Jeffrey Eugenides, réinvente le teen movie dans une œuvre avec des trajectoires à la fois attendues et imprévisibles. Il dépeint la vie des sœurs Lisbon, du point de vue d’un groupe de garçons qui tentent de percer le mystère de leur suicide si soudain. Le suicide adolescent, un sujet effrayant y est traité avec douceur. On remarque dans ce film trois traits faisant de cette œuvre un classique cinématographique.



Une poésie visuelle


The Virgin Suicides a marqué les esprits pour son esthétique. Sofia Coppola s'est inspirée du classique Pique-Nique à Hanging Rock (1975) pour réaliser son film. Elle empreinte à Peter Weir, le réalisateur, ses visions d’une nature simple, d'arbres filmés à contre-jour, de jeunes filles habillées en blanc. Ces visuels sont là pour nous rappeler le côté “adolescent” du film. La photographie de l’œuvre est comme une poésie visuelle, une carte postale couleur sépia que l’on observe comme si l’on avait déjà dit adieu aux filles depuis longtemps. Les sœurs sont présentes, mais elles ne le sont déjà plus vraiment, car nous savons que nous avons affaire à cinq absentes. 


La critique du puritanisme avec le drame du papillon


 The Virgin Suicides, c’est le drame du papillon. 

« That girl didn’t want to die, she just wanted out of that house. »

Le drame du papillon c’est que personne ne le comprend et que trop nombreux sont ceux qui veulent les mettre en cage. La réalisatrice montre les difficultés de l’adolescence dans des hameaux résidentiels américains, mais établit surtout une vive critique du puritanisme religieux. Dans le cas des sœurs Lisbon, celles-ci se retrouvent piégées par l’omniprésence et la surprotection de leur mère. Madame Lisbon resserre de jour en jour la vis afin de protéger les cinq filles, dans une maison où le temps s’écoule gravement. Par conséquent, les sœurs n’acquièrent aucune expérience du monde extérieur, et sont habituées à être encadrées et dirigées. L’éclosion à la vie, aux fantasmes et aux rêves juvéniles est confrontée à la dureté et à la droiture des parents. Le père s’efface peu à peu et laisse la mère étouffer lentement les filles. Coppola filme ces femmes dans leur éveil à la sexualité mais surtout dans l’importante répression d’une société trop stricte. Les filles sont sages, à l’exception de Lux, incarnée par la talentueuse Kirsten Dunst (vue dans la trilogie Spider Man), qui est le portrait d’une rebelle à contre vent.


L’omniprésence du regard des hommes


The Virgin Suicides est vu à travers le prisme d'une bande de garçons fascinés par les sœurs Lisbon. Pendant une heure et demie, nous sommes comme eux, spectateurs conscients de la tragédie imminente, qui a déjà eu lieu puisqu'elle est racontée en voix off par un narrateur anonyme, qu'on devine néanmoins être l'un des garçons. Tout au long du film, notre rapport aux sœurs Lisbon est particulier, c'est un rapport de fascination voulu par Sofia Coppola. Mais cela est transmis par le récit des voisins. L’histoire des sœurs est un objet de fantasmes, et expose subtilement le problème du sexisme bienveillant. Leur mal-être ne leur appartient pas, il est adulé par les garçons. La narration en voix-off par les adolescents devenus hommes semble inoffensive. Pourtant les mots sont ôtés de la bouche de Cecilia, Lux, Bonnie, Mary et Thérèse. Elles sont privées de leur image devenue écran de l’imaginaire du mâle. Le regard des garçons s’arrête à la surface, ils les idéalisent, les appellent les “rêveuses” alors qu’elles sont ordinaires et en détresse. Ils passent leur temps à trouver une raison tangible, sans pouvoir comprendre leurs pensées. Comment faire le deuil de quelque chose que l’on ne comprend pas ?


« We knew that they knew everything about us, and that we couldn’t fathom them at all.” »


The Virgin Suicides est un film incontournable car il dépeint de manière subtile les épreuves et tribulations de la vie adolescente de la middle-class américaine des années 70. Coppola met en avant des thématiques que l’on retrouvera dans beaucoup d’autres de ses films : l’éveil à la féminité, le passage à la vie adulte et l’ennui malsain que l’on vit à cette période.


 

Source :


Mooninthegutter.blogspot.com

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