En mai 2017, Benoît Hamon (PS) arrive en cinquième position du premier tour des élections présidentielles, avec 6,35% des voix, soit le pire score de l’histoire du parti. Un score qui « ne représentait pas tout ce qui aurait dû être pour un parti comme le parti socialiste »*. Le 19 septembre, le PS décide de vendre son siège historique, rue de Solférino. Que reste-t-il du parti à la rose, deux ans avant les prochaines élections présidentielles ?
*NB : Les citations en italiques sont issues d’une interview de Franck Puygrenier, ancien conseiller municipal de Bois-Colombes (92), d’abord élu sur les listes du PS, puis sur celles élargies à toute la gauche. Propos recueillis par Amandine Roux pour le Fénelon’ménal.
Une gauche divisée : entre quête d’unité et d’identité
Le vide créé par l’effondrement du parti socialiste laisse place à une gauche « de plus en plus divisée » entre « l’extrême gauche, les écologistes et ce qu’il reste du parti socialiste ». Face à ceci, « chacun a ses propres idées pour pouvoir rassembler les uns et les autres ».
Mardi 24 novembre 2020, Olivier Faure annonce vouloir changer le nom du PS, évoquant un « cycle ouvert par François Mitterrand en 1971 » désormais « achevé ». Pour lui, le parti doit renaître de ses cendres et trouver une nouvelle identité. Une histoire rappelant celle du Rassemblement National, ancien Front National. Il s’agit de changer de nom, d’identité, car selon le premier secrétaire du parti à la rose ; « ce nom [celui du PS] est aujourd'hui mal compris, rattaché à des mesures, à des époques, il ne dit plus ce que nous sommes devenus ». En effet, le socialisme est souvent associé au communisme du XXème siècle.
D’autres personnalités, pensant le PS définitivement enterré créent de nouveaux partis comme Place Publique (centre gauche), largement porté par Raphaël Glücksman. De même, en plein cœur de l’été 2020, Laurent Joffrin quitte la direction de Libération pour créer un nouveau mouvement socialiste. Ce proche de François Hollande souhaite lui aussi rassembler la gauche afin de pouvoir présenter une liste forte aux présidentielles de 2022.
Créer de nouveaux partis dans l’espoir que l’un d’eux parviendra à rassembler, est-ce la bonne démarche à suivre ? Franck Puygrenier se montre assez peu confiant en l’arrivée d’une femme ou d’un homme providentiel.le qui pourrait rassembler la gauche en vue des élections de 2022 : « Une seule personne qui arriverait à rallier tout le monde, non, je n’y crois pas », confie-t-il. Jean-Luc Mélenchon a déjà annoncé sa candidature aux prochaines élections. Cependant, l’union ne se fera pas autour du président de LFI, étant données ses positions très à gauche sur l’échiquier politique. Les Verts soulignent quant à eux leur volonté de présenter un candidat issu de leur propre parti. Si leur score a atteint un record en France aux élections européennes de 2019 (13,48 % des voies, soit une augmentation de 4,5 points par rapport aux précédentes élections), le programme du parti ne semble pas suffisamment complet pour convaincre l’ensemble de la gauche française.
Anne Hidalgo, femme providentielle ?
Franck Puygrenier évoque toutefois la maire de Paris, Anne Hidalgo, qui « pourrait incarner une nouvelle figure [pouvant] rassembler un peu plus [NDLA : que Les Verts et LFI] la gauche » et par le même chemin, pourrait « engendrer un nouveau sursaut [au sein du PS] et prendre des voix aux écologistes ». Sa candidature n’est cependant toujours pas annoncée.
2022 : montrer que le phénix peut renaître de ses cendres
La gauche “classique” doit donc s’entendre, et vite, afin de trouver son unité. Car si l’idéal socialiste, mai 68, les drapeaux rouges, la rue de Solférino et le congrès d’Epinay paraissent lointains, la furieuse envie d’égalité et de justice sociale n’est pas encore morte en France.
Sources :
Le Figaro : Présidentielle 2022 : pour Olivier Faure, la «refondation» du PS doit passer par un changement de nom . Publié le 24/11/2020, Mis à jour le 25/11/2020.
Le Monde : L’ancien directeur de « Libération » Laurent Joffrin lance un nouveau mouvement social-démocrate. Publié le 20 juillet 2020.
Pour aller plus loin : Sur le nouveau mouvement politique de Laurent Joffrin, une interview de France INTER-Laurent Joffrin : "Faire en sorte que la gauche soit rééquilibrée"