Le Matisse que je connaissais est celui de ses premières années. Ce Matisse qui laisse des blancs sur la toile, qui peint par traits, ce Matisse amoureux des tableaux non finis. Un jeune peintre encore marqué par les impressionnistes du XIXe siècle, notamment dans ses portraits. C’est donc pour élargir mes connaissances sur l’artiste que je me suis rendue au Centre Pompidou pour voir l’exposition Matisse, comme un roman, ainsi nommée d’après le titre d’un livre de Louis Aragon.
Cette exposition propose un découpage chronologique de l’œuvre du peintre. Son parcours varié débute par ses inspirations, ses influences ; se poursuit par sa période niçoise et s’achève sur la création de la chapelle de Vence. Le Centre Pompidou a choisi de mettre en exergue l’évolution des œuvres de Matisse et son parcours dans l’art. Au fil du temps, son pinceau se précise, s’affine, se raffine, se densifie, avant de presque disparaître. Là où certains décèleront une unité stylistique dans les tableaux de Jacques-Louis David ou de Van Gogh, il me semble impossible de trouver un tableau qui représenterait l’œuvre de Matisse dans sa globalité. Cette diversité est, à mon sens, le reflet de réels questionnements sur la peinture. Que peindre, et comment le peindre ? Ces points d’interrogation se reflètent dans les nombreuses études que Matisse réalise avant de débuter un tableau, mais aussi dans Rêver à trois aubergines, où l’artiste s’essaie à représenter un intérieur complexe en deux dimensions.
Pour certains, se posera la question de l’utilité d’aller voir une exposition, dans un musée visité et revisité, sur un peintre vu et revu. Au-delà d’acquérir des connaissances, de développer un regard critique par une observation personnelle, il s’agit d’une aventure. Une aventure dans l’art de Matisse. Parce qu’il est le peintre de la joie, même plus, le peintre du bonheur. Ses œuvres sont remplies de lumières, de couleurs, et n’appellent pas obligatoirement au questionnement métaphysique. Ses toiles et collages sont le fruit d’une recherche et l’expression d’une profonde joie de peindre. Alors, simplement, marcher, sans chercher à comprendre, en ne se sentant pas obligé de lire tous les cartels et d’émettre un commentaire critique et pertinent sur chaque œuvre. Parfois, « c’est beau », c’est une raison suffisante pour sortir de chez soi.
Infos pratiques : Matisse, comme un roman. Centre Pompidou, Paris 75004. Commissaire : Aurélie VERDIER. Du 21/10/2020 jusqu’au 22/02/2021. Entrée gratuite pour les mineurs. Des visites guidées sont prévues le week-end.
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