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Les forces de l’ordre, état des lieux

Ces derniers temps, la police se retrouve au cœur de nombreuses polémiques. Tantôt racistes, tantôt oppressives, les forces de l’ordre seraient sujettes à toutes les dérives. Il est important de rappeler que derrière ces institutions se trouvent des agents dont le devoir est de veiller sur la population. Cependant, ces femmes et hommes doivent faire face à de nombreuses difficultés ce qui rend l’application de la justice difficile.



Les membres des forces de l’ordre sont notamment victimes d’une forte pression, notamment depuis les attentats terroristes de 2015. Depuis ces événements, chaque policier doit redoubler de vigilance pour être prêt à intervenir à chaque instant. De plus, avec la mise en place du plan Vigipirate, les policiers ont augmenté le nombre de patrouilles pour la sécurité de la population, augmentant ainsi leur nombre d’heures de travail.


Les gardiens de la paix doivent également faire face à des situations violentes. En effet, la police peut par exemple être chargée de nettoyer des scènes de suicide ou d’intervenir sur un accident en présence de corps mutilés. Aucune aides ou suivi psychologique n’étant proposés pour ces services de Police suite à la réduction budgétaire, ces agents doivent mener ce second combat par leurs propres moyens.


Un policier visé par un tir de cocktail Molotov lors d’une manifestation contre la loi travail en septembre 2016 ​©AFP


Par ailleurs, le nombre de violences à l’encontre des forces de l’ordre est en constante augmentation. En janvier 2000, on dénombrait environ 2 900 outrages et violences à personnes dépositaires de l’autorité publique contre 5 549 en janvier 2020 (d’après un rapport de la Gendarmerie Nationale). On constate une forte augmentation du nombre de violences notamment lors des manifestations, comme en janvier 2020 où un CRS a été grièvement blessé par une bombe artisanale lors d’une manifestation des pompiers. Certains agents sont également tués en dehors du cadre professionnel comme lors de l’affaire de Magnanville en 2016 où un couple de policiers fut assassiné à son domicile devant leur enfant après avoir été suivi depuis leur lieu de travail.



Face à cette pression et cette violence, les forces de police se sentent dépassées et on constate de plus en plus de burn-out au sein de certains services. On remarque aussi une hausse des suicides dans la Police. En 2019, 59 policiers ont mis fin à leurs jours, un chiffre pas loin de celui de l ’« année noire » (1997) lors de laquelle 70 policiers s’étaient suicidés (d’après la Police Nationale).




Les services de police et de gendarmerie sont également victimes d’un trop faible budget. En effet, en 2015, les États européens dépensaient en moyenne 1,8% de leur PIB pour la « défense et la sécurité » d’après Eurostat. La France y accorde 1,6% de son PIB, soit moins que la Croatie (2,2%) ou la Bulgarie (2,8%). Ce budget serré et ses conséquences ont notamment été pointés du doigt par une commission d’enquête du Sénat qui lors de son rapport rendu en juin 2018, relève un manque flagrant d’équipement. Les chaussures fournies sont souvent dépareillées ou usées, poussant les nouveaux arrivants à acheter eux-mêmes leurs ceintures et chaussures, équipements indispensables.

L’état du parc automobile est également déplorable : 10% des véhicules des forces de l’ordre ont plus de 10 ans, c’est ainsi que les policiers et gendarmes doivent faire face à de nombreuses pannes comme des portes coulissantes qui tombent ou encore des sirènes qui ne fonctionnent pas, des éléments pouvant compromettre la sécurité des agents et le bon déroulement des opérations. De plus, la gestion des stocks de munitions et de matériel des forces de l’ordre est également victime du manque de modernité de la police et de la gendarmerie. Précisément, le système d’information logistique de la police et de la gendarmerie date des années 2000, le rendant donc obsolète et incapable de donner une vision globale des stocks.


Les conditions de formation des forces de l’ordre peuvent aussi être la source des problèmes que rencontrent les forces de l’ordre ces dernières années. En effet, un besoin pressant d’effectif s’est fait ressentir au sein de la police à la fin du quinquennat de Nicolas Sarkozy, notamment en région parisienne. Pour y subvenir, l’État a donc baissé les critères de recrutement ce qui a eu pour conséquence l’admission d’un candidat sur 5 en 2013 contre un candidat sur 50 reçus en 2012. Cette baisse du niveau des candidats reçus se remarque aussi sur la moyenne des postulants au concours d’entrée, passée de 12,9 à 11,43 sur 20 entre 2018 et 2019. On observe donc une baisse très importante du niveau, avec des élèves admis à 7 sur 20, ce qui correspond à un niveau collège, selon un des membres du jury. Un formateur de police admet même qu’une part des postulants ne savent pas s’exprimer clairement, perdent rapidement leurs moyens et deviennent rapidement agressifs.


Evolution du nombre de candidats aux concours d’entré des forces de l’ordre


Ce manque d’exigence au concours d’entrée dans la police pourrait donc être une des causes du manque d’efficacité de la police actuellement. Cependant, cela pourrait aussi être expliqué par une formation revue à la baisse ces dernières années. Effectivement, la formation, de 12 mois auparavant, a été abaissée à 8 mois en juin 2020. Un rabais qui a été qualifié d ’« erreur fondamentale » par le ministre de l’Intérieur Gérard Darmanin lui-même. Des formateurs interrogés expliquent que ce raccourcissement est censé permettre une ou deux promotions de plus par quinquennat, mais que toutefois « il n’y a plus de qualité d’apprentissage ». De plus, les chefs de police voient leur prime augmenter lorsque leurs hommes sont sur le terrain ou participent à un entrainement au tir. Ils délaissent donc les entrainements plus physiques, comme la self-défense, pourtant impératifs dans le métier de policier.


En résumé, la volonté de l’État d’augmenter ses effectifs, et donc d’accélérer les formations, a entrainé une grande baisse de la sélectivité, et donc un niveau en chute libre. Par ailleurs, le budget trop faible pour permettre la modernisation des forces de l’ordre rend la logistique toujours plus complexe. Il est également important de rappeler que derrière chaque uniforme se trouvent des femmes et des hommes dont la mission est de protéger la population. Ils restent cependant exposés à des situations dangereuses et dures, avec un matériel vieillissant et des directives souvent peu claires. Tous ces éléments fragilisent la police et la gendarmerie et creusent le fossé qui les sépare de la population, rendant ce métier peu attirant pour les jeunes générations, et stigmatisant un peu plus chaque jour des personnes prêtes à donner leur vie pour protéger la République.



 

Sources :


“L’équipement des forces de l’ordre : Un effort de mutualisation et de rationalisation à poursuivre Communication à la commission des finances du Sénat” de la Cour des Comptes, Mai 2018


Sénat : “Commission d’enquête sur l’état des forces de sécurité intérieure

Rapport n° 612 (2017-2018) de M. François Grosdidier, déposé le 27 juin 2018”


“Police nationale : un concours bradé et une formation trop courte ?” RT France, 29 décembre 2020


Journal le Parisien : “Formation des policiers : l’inquiétante baisse de niveau des recrues franciliennes” de Florian Loisy le 28 décembre 2020


“Pourquoi les policiers sont sous pression(s)” de l’Express par Eric Pelletier le 21 janvier 2014




Journal le Figaro : “Suicide des forces de l’ordre: ces policiers qui viennent en aide à leurs pairs” par Margaux d'Adhémar le 28 janvier 2020


“Marche de la colère: Pourquoi le nombre de suicides dans la police a explosé” Souffrance et Travail, du 8 octobre 2019

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