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Marilou Balva

La France dans la conquête spatiale

Vendredi 23 avril dernier, l’astronaute français Thomas Pesquet s’envolait à bord de la capsule américaine de SpaceX pour sa deuxième mission sur l’ISS. Il s’agit d’un départ historique pour la France puisque pour la première fois, un français va devenir commandant de bord de l’ISS et va y effectuer un séjour de six mois. Cependant, ces premières peuvent sembler tardives si l’on considère que la France s’intéresse à la conquête spatiale depuis les années 40, et qu’elle y investit une somme conséquente de 2,7 milliards de dollars par an. Quel rôle la France joue-t-elle donc réellement dans la conquête spatiale ? Quelles sont ses perspectives ? Et quels sont les enjeux internationaux ?



La Mission SpaceX Crew-2, un décollage historique


La mission a décollé vendredi 23 avril à 11h49 (heure de Paris) du centre spatial Kennedy près de Cap Canaveral en Floride, et l’amarrage a eu lieu le lendemain à 11h22 (heure de Paris). Il s’agit de la première réutilisation opérationnelle d’un véhicule spatial, le Falcon-9, dans une mission habitée et du deuxième vol habité pour un véhicule construit entièrement par une entreprise privée. Cette mission réaffirme la place de SpaceX dans la conquête spatiale en tant que nouveau fournisseur d’engins spatiaux américains.



La France dans la conquête spatiale : un leader européen


L’histoire internationale de la conquête spatiale commence avec le développement secret de lanceurs de missiles par les Allemands pendant l’entre-deux guerres malgré les accords de Versailles. Le plus efficace, le missile V2, sert de base aux développements spatiaux américains et russes dès le début de la guerre froide. À défaut de plans ou de modèles complets du V2, la France se dote d’une centaine de spécialistes allemands qui lui permettent de développer des fusées sondes et de poser les bases du développement spatial français.


La création d’organismes français de conquête de l’espace et de développement de missiles nucléaires par le général de Gaulle compense le départ d’une majorité des chercheurs allemands et permet la mise en orbite en 1960 des premiers satellites français, les satellites D1, et la mise au point de son lanceur, le Diamant A1. Cela fait d’elle la 3ème puissance spatiale mondiale à l’époque.


En 1975, pour concurrencer les États-Unis et l’URSS et gagner en autonomie, les deux agences européennes, l’ELDO et l’ESRA, fusionnent et forment l’ESA. Le projet Ariane est mis en place et est alors contrôlé et financé majoritairement par la France. Dès septembre 1979, un lancement parfait est réalisé depuis la base française de Guyane. Entre 1979 et 1998, les lanceurs Ariane représentent 50% des parts du marché des satellites commerciaux et font de l’Europe un acteur majeur de l’économie spatiale.


Aujourd’hui, la participation de la France à l'ESA lui permet de participer à de nombreuses missions d'exploration spatiales robotiques ou habitées comme l'ISS ou les rover martiens.

Crédits : SpaceX via Abacapress / Reuters


Le poids de l'ESA


L’ESA a pour rôle d’assurer la coopération des États européens dans le domaine spatial et la mise en œuvre d'une politique spéciale européenne de long terme, en coordonnant les programmes européens et nationaux.


Elle ne rejoint l’ISS qu’en 2006, soit huit ans après son lancement. Elle y envoie alors un premier astronaute allemand, Thomas Reiter, puis en 2008, le premier cargo spatial européen, l’ATV Jules Vernes, le premier et seul module européen de l’ISS, le Colombus, et enfin le premier commandant de bord non américain ou russe, Thomas Pesquet.


Elles effectuent de nombreuses missions scientifiques à succès permettant notamment l’étude d’une comète, la détection d’ondes gravitationnelles, ainsi que l’exploration de Mars et de Mercure. Dans la plupart des gros projets, elle est partenaire de manière quasi égalitaire avec les autres agences ou bien elle apporte une aide sur l’instrumentalisation scientifique des vaisseaux.



Ambitions françaises


En 2017, SpaceX a dépassé Arianespace, compagnie française, en devenant la première compagnie privée de vente de lanceur de satellites en ne cessant de faire baisser les prix des lancements vers l’espace. Les lanceurs Ariane 6 et Vega-C prévus pour 2021 sont censés réaffirmer la concurrence européenne sur ce marché.



Perspectives internationales


À l’échelle internationale, l’accent est mis sur le développement de systèmes de transport pour les futures missions vers la Lune devenue un élément central des stratégies d’exploration de la plupart des agences. Le budget alloué à l’exploration est en baisse à court terme car la Lune est privilégiée. Cependant, son importance devrait être réaffirmée dans la seconde partie de la décennie. Les infrastructures orbitales connaissent un regain d’importance avec la construction de la station spatiale chinoise et les projets de passerelles lunaires depuis l’ISS. En ce qui concerne l’exploration de l’espace profond, les missions sont concentrées entre les agences américaine, européenne et japonaise. On s’attend à des premières missions de ce type par les russes et les indiens dans les prochaines années.



SpaceX : quelles innovations ?


La compagnie américaine est fondée en 2002 par Elon Musk, un ingénieur et entrepreneur d’origine sud-africaine naturalisé américain la même année. La société annonce dès ses débuts de grandes ambitions qui se concrétisent rapidement avec, en 2009, le premier lanceur entièrement conçu au sein de la société qui la commercialise : le Falcon-1.


En 2014, SpaceX remporte l’appel d’offres de la NASA et se lance dans la construction d’une nouvelle navette spatiale censée relayer celle mise hors service en 2011 et remplacée depuis par la navette russe Soyouz. Ainsi en 2020, SpaceX est devenue la première compagnie privée à envoyer un vaisseau capable d'emmener des astronautes dans l’espace. Elle permet aux États-Unis de récupérer leur indépendance dans l’envoi d’astronautes vers l’ISS.


En 2018, elle réalise l’une de ses ambitions initiales : celle de réutiliser des éléments de fusées afin de faire baisser les coûts. Ainsi, décolle en 2018 la Falcon Heavy qui met en orbite solaire la Tesla Readster rouge cerise 2008 avec à son bord le mannequin Starman, et qui parvient surtout à récupérer les deux lanceurs latéraux de l’appareil. Le vol de Thomas Pesquet et de ses compagnons de mission signe, quant à lui, la première réutilisation du lanceur Falcon-9.


Malgré de grandes ambitions, la compagnie d’Elon Musk ne décide pas des missions qu’elle peut effectuer car les programmes spatiaux impliquent des enjeux diplomatiques importants et par conséquent, leur organisation incombe à des organismes d’États, en l’occurrence la NASA.



 

Pour en savoir plus sur les enjeux internationaux :

Reportage Arte - Espace : la nouvelle ruée vers l'or ? (4min)


 

Sources :


Site officiel de l’ESA


Espace : la mission Alpha en route vers l’ISS


Informations générales


CNES | La France à la conquête de l'espace


SpaceX

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