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La collaboration ou l’expression de la folie pacifiste de certains français

Dernière mise à jour : 8 mars 2021

« C’est un moment de l’histoire de France qu’on le veuille ou non. Il peut être regrettable, on peut le regretter, mais enfin…c’est tout de même une partie de l’Histoire de France. Ça a existé, et un jour on en parlera dans les écoles. »

Céline au sujet de la collaboration en 1957



L’Histoire n’est pas à réécrire ; elle est à dévêtir jusqu’à ses plus profondes noirceurs qui participèrent à bâtir le monde dans lequel nous avançons aujourd’hui, et que l’on se doit de ne pas ignorer.


L’honorable et honorifique arbre de la résistance qui continua de s’élever -arrosé par les gouttes de la victoire- alors que le chapitre des hostilités se refermait avec plus de précautions que celui de la première guerre, abrita durant près de cinquante ans, l’obscur arbuste qui portait sur lui, les fruits tâchés du sang de tous ces innocents, livrés délibérément à ce que la haine, dans un excès de folie monstrueuse, a pu un jour révéler sur le potentiel de destruction dont l’être humain est doté.


Nombreux sont ceux qui ont continué d’étouffer sous des grains de terre, le souvenir honteux de la collaboration. Pourtant, bien que les racines ne déploient leur énergie que sous nos pieds, la pousse finit toujours par germer à la surface du sol. L’idéologie nazie ne s’est pas répandue soudainement à travers les forêts européennes, tel un invincible virus auquel rares sont les arbres étant parvenus à résister, grâce au feuillage éclairé qui les composait : la rose n’éclot que lorsqu’elle est assurée d’être entourée d’un environnement hospitalier. Les branches que le tronc français déployait fièrement, restaient par essence en grande partie tâchées par la haine des sémites, accusés de dérober la richesse des français.


« C’était là vraiment le ramassis honteux de tous les métèques échappés d’Europe centrale et qui grouillaient comme une sorte de cour des miracles dans Paris, et qui maintenant se trouvent rassemblés ici et je vous assure qu’il s’agit d’une mesure de salubrité publique qui a été prise enfin en France occupée alors qu’elle avait déjà été prise depuis plusieurs mois en France non occupée. »

Reportage du 17 mai 1941

Ainsi, vous pouviez entendre aisément à la radio, sans nécessité de la pression des forces occupantes, l’expression dégénérée de journalistes antisémites décrivant dans des reportages, les nombreux camps d’enfermement français tel que Drancy (à ne pas confondre avec les camps d’extermination), qui deviendront par la suite des camps de transit vers la mort.


Le paysage français gangréné profondément par l’antisémitisme a facilité l’expression haineuse des antisémites. Si « Un mot publié est un acte de la pensée. », et que l’on considère que tout écrivain est responsable de ce qu’il écrit, l’existence d’une œuvre littéraire, d’une exposition ou un reportage, ne dépend que de la façon dont il est accueilli. Si Bagatelle pour un massacre a nourrit et conduit certaines personnes à collaborer, le succès d’un ouvrage ne dépend-t-il pas du contexte dans lequel il s’inscrit ?

Nombreux sont les français qui, à l’époque, redoutaient une seconde guerre mondiale. Ce désir de pacifisme entraînait paradoxalement le recours à une haine des plus virulentes envers des innocents : « éviter la guerre par-dessus tout, la guerre pour nous tel que nous sommes. C’est la fin de la musique, c’est la bascule définitive aux charniers juifs. Le même entêtement que déploient à la guerre les juifs pour nous y précipiter. ». La haine de Céline le poussa à acclamer Hitler et à désirer une armée Franco-Allemande. Même les plus antisémites qui sont contemporains à l’écrivain n’arrivaient plus à défendre un homme dont la folie le poussait à de telles extrêmes. Ainsi se défendit-il : « Comme écrivain, je croyais en ma vanité : pouvoir influencer qui que ce soit en faveur de la paix. C’est tout. »


Céline n’a cessé pour se défendre quelques années après avoir mis sa plume au service de la plus abominable des causes, d’insister sur le caractère détaché qu’il adopte envers les « objets ». Mais à compter que les mots qu’un écrivain couche sur un papier soit l’expression de sa pensée, cette dernière ne nous définit-elle pas ? N’est-elle pas l’expression de notre personne, lorsque la parole et les mots que l’on emploie figurent de concrétisation de celle-ci ?

 

Sources :


Podcast : Céline pendant l’occupation


Entretien de Louis Ferdinand Céline avec Louis-Albert ZBINDEN (1957)

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