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L’économie d’Haïti écrasée sous le poids du capitalisme mondial 

Pour cet article, le Fénelon’ménal vous propose un focus sur l’économie haïtienne depuis le milieu du XIXème siècle. D’une économie coloniale prospère au pays le plus pauvre de l’hémisphère nord. Comment les enjeux internationaux ont-ils influé sur l’économie et le destin de cette petite île des Caraïbes ?

En 1825, Haïti achète son indépendance à la France et l’ancienne colonie la plus riche d’Amérique se trouve alors fortement endettée. Cette obligation à la France dure des années et limite le développement économique du territoire insulaire. En effet pour rembourser sa dette, la France reçoit par exemple la taxe sur les exportations de café de l’île. Les gouvernements se sont amoncelés, tout comme les emprunts : le pays s’est enfoncé dans son endettement et s’est rendu de plus en plus dépendant de la France. C’est ainsi que l’économie haïtienne est restée stagnante pendant près de d’un siècle et demi. 

Dès 1915, dans le contexte de la première guerre mondiale, l’île est occupée par les Américains, qui se chargent d’opérer un brusque changement d’orientation dans les relations internationales d’Haïti. La puissance états-unienne s’occupe d’abord de supprimer l’hégémonie du marché financier dans le pays pour le remplacer par le sien. Haïti contracte dès lors une dette auprès de son nouveau créancier. Celle-ci doit s’étendre sur 30 ans et lui permettre de rembourser toutes ses autres dettes. Même si cet emprunt pèse de 30% sur les recettes de l’Etat pendant cette période : elle lui permet, enfin, après 200 ans d’endettement, de se libérer de sa dette nationale. Cependant durant la période que dure le remboursement, le gouvernement américain s’ancre profondément dans les finances du pays en y installant par exemple la Banque Nationale de la République d’Haïti (BNRH) qui a été réorganisée afin de répondre au mieux à l’endettement. 


La mer de bidonvilles de la commune de Petit-Goâve, au sud du pays © Reuters

1947 marque pour Haïti - libéré de ses dettes-, l’affirmation de sa souveraineté politique et de sa liberté économique qui peut dorénavant se consacrer à sa propre population. Malheureusement, le gouvernement haïtien préfère emprunter à nouveau sans se soucier de créer des structures économiques stables et organisées. Le pays fait face à une banqueroute financière, les décennies qui suivent sont teintées d’une politique austère qui parvient tout juste à permettre la survie du pays. Même les aides économiques des Américains au début des années 60 restent inefficaces. En effet, elles complètent le déficit sans pour autant s’attaquer à l’organisation du pays, qui elle reste différente.

Aujourd’hui, l’héritage de la colonisation française et l’influence américaine restent enracinés dans l’économie haïtienne. Haïti est alors l’un des pays les plus pauvres du monde : Sur 11 millions d’habitants, 80% vivent en-dessous du seuil de pauvreté. En 2019, l’inflation a atteint 20%. Depuis des décennies Haïti vit dans la pauvreté : insécurité, insalubrité, corruption...l’île plonge chaque année un peu plus dans le chaos. Haïti est écrasée face à la puissance américaine et européenne sur la scène internationale et n’arrive toujours pas à trouver sa place dans un contexte de mondialisation. 

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