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Goodbye Merkel

Voilà maintenant seize ans que la chancelière allemande, Angela Merkel, dirige l’Allemagne. Après avoir été députée puis ministre, Mme Merkel a enchaîné entre 2005 et 2021 quatre mandats à la tête de la chancellerieallemande.A l’approche des prochaines élections fédérales de septembre 2021, la chancelière a ébranlé le monde politique allemand en annonçant qu’elle ne se représenterait pas malgré une excellente gestion de la crise du COVID-19 et un soutien historique de la part des Allemands. Se pose alors la question de sa succession : quideviendra calife à la place du calife ?



Le monde politique allemand

Avant d’entrer dans les détails de l’élection à venir, il est important de se repencher sur la configuration politique allemande afin de mieux comprendre les enjeux, les combats et les possibilités qu’offre cette élection. A droite, le parti au pouvoir, la CDU (l’union chrétienne-démocrate dont Angela Merkel est issue) et le parti démocrate social-chrétien (CSU), forment tous deux une union de droite conservatrice : le CSU-CDU. Depuis 1949, ils présentent un candidat unique à la chancellerie. On trouve également à droite le parti libéral-démocrate, FDP, membre de la majorité et l’Alternative pour l’Allemagne (AfD). La gauche allemande se compose du parti social-démocrate (SPD), des Verts et plus à gauche du parti, « Die Linke ». Cette gauche forme l’opposition.



Massacre entre frères


Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la CDU et la CSU forment une union de deux partis « frères ». La CDU, beaucoup plus grand que la CSU, est présente dans quinze des seize Lander allemands (sauf la Bavière) alors que la CSU n’est présente qu’en Bavières.

A la tête de la CDU depuis quelques mois, Armin Laschet s’est d’abord présenté comme candidat pour succéder à Mme Merkel. Il prône une politique dite de rupture avec les années Merkel ce qui ne plaît pas à beaucoup d’allemands qui sont aujourd’hui 75% à soutenir la chancelière encore en fonction. De côté du CSU, le président Markus Söder ne s’est pas déclaré candidat dès le départ. Le 11 avril dernier, lors d’une conférence de presse tenue par les deux partis, Laschet a confirmé sa candidature sans grande surprise. Le réel étonnement fut l’annonce au même moment de la candidature à la chancellerie de Söder.


Commence alors une confrontation entre les deux candidats qui fracture l’union des deux partis. D’un côté, le président de la CDU, qui veut rompre avec les années Merkel, et de l’autre Söder qui a soutenu Angela Merkel tout au long de la crise et a salué les mesures strictes prises par le gouvernement. Au fil du temps, Söder s’est façonné une réputation d’homme charismatique, à la main de fer. En tant que président de la CDU, Laschet devrait d’après le fonctionnement du parti être désigné candidat. Cependant, parmi les adhérents conservateurs, 72% considèrent que Söder à la carrure pour devenir chancelier contre 12% pour Laschet. Le combat, le plus violent entre les deux partis depuis leur union, se fait donc entre les faveurs des sondages et les traditions du parti.


Entre les deux partis ont été établies certaines règles dont l’une dit que la grande CDU décide du candidat final pour la chancellerie et impose son choix à la petite CSU. Après une réunion de la CDU, le parti tranche et nomme Laschet en tant que candidat malgré son impopularité. Mais pendant ce temps, le combat a fait beaucoup de mal au parti qui ne récolte plus que 25 à 28% des voix contre plus de 30% en février. Le défi pour Laschet est immense. Lui et son parti doivent réussir à gagner la confiance des Allemands.



Les Verts unis


Alors que le CDU-CSU semble plus divisé que jamais, les verts affichent de leur côté une unité parfaite en nommant Annalena Baerbock candidate. Le comité exécutif a tranché entre les deux prétendants à l’investiture, Robert Habeck et Annalena Baerbock. Ces derniers se sont disputés de façon polie et respectueuse la candidature à la chancellerie. Baerbook a finalement été choisie. Jeune juriste spécialiste du droit international et ancienne athlète de trampoline, Annalena Baerbock est, selon certains experts, sortie de nulle part. Le fait est que c’est elle qui va mener le parti écologiste aux élections en septembre. L’enjeu est de taille pour les Verts qui talonnent le CDU-CSU dans les sondages avec entre 21 et 23% des voix pour 25 à 28% pour les conservateurs.


L’élection allemande soulève d’importantes problématiques. Après seize années au pouvoir, Angela Merkel décide de quitter le monde politique. Elle laisse derrière elle un parti conservateur plus divisé que jamais. La bataille pour le pouvoir est déjà bien entaméeet tout peut encore arriver.


 

Sources :


Le Monde, « Allemagne : la CDU valide la candidature d’Armin Laschet pour briguer la succession d’Angela Merkel »

France24, « Annalena Baerbock, candidate du "renouvellement" vert à la succession d’Angela Merkel »

Le point, « Succession de Merkel : Armin Laschet désigné candidat de la droite allemande »

Le monde, « Le compte à rebours de la succession d’Angela Merkel à la tête de l’Allemagne est lancé »

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