top of page

Création : Vert, comme un uniforme militaire (prologue)

Prologue


« Vivre sans amour, ce n’est pas vraiment vivre, mais vivre l’amour sans souffrir, c’est impossible »


La citation ci-dessus provient du journal intime d’Henri-Frédéric Amiel, un éminent écrivain et philosophe suisse. Personne ne peut réellement savoir dans quelles circonstances il l’a écrite. Peut-être qu’il s’agissait d’une pensée très mature, rédigée à la suite d’une dispute amoureuse. Ou peut-être que ça lui était juste venu à l’esprit, lorsqu’il faisait face à un magnifique panorama sur les Alpes. Mais dans tous les cas, je ne suis ni une écrivaine érudite, ni une grande penseuse et encore moins une psychanalyste de renom, mais je peux vous assurer que ses mots étaient bel et bien vrais.


Vivre sans amour est, en effet, psychologiquement impossible. Vous ne pouvez tout simplement pas survivre sans une infime quantité de soutien et d’affection venant d’autrui, de n’importe qui. Dans le cas contraire, vous en mourriez, à moins que vous soyez un psychopathe – ce qui n’est pas le cas pour moi – et ne soyez, par conséquent, pas dépendant de ce besoin vital. Je suis quasi certaine que sans amour, je ne serais pas qui je suis aujourd’hui.


Il ne s’agit pas nécessairement de l’amour romantique et passionné auquel on pourrait penser de suite, et qui est connu par les Grecs sous le nom d’éros. Le premier type d’amour que j’ai vécu, comme tout le monde d’ailleurs, était storge, qui désigne l’affection naturelle existant entre un parent et son enfant. Mes parents, comme vous l’apprendrez par la suite, étaient des êtres génialissimes, généreux et pleins d’amour, ce qui fait que, quoiqu’il m’arrive, je me sentais toujours en sécurité près d’eux. Storge se réfère, bien sûr, également au lien partagé au sein d’une fratrie. C’est dans cette situation-là que vous pouvez, en fait, la contempler à sa forme la plus pure car, malgré le grand nombre de fois où mon frère et moi nous sommes disputés, nous eûmes toujours ressenti ce besoin de revenir l’un à l’autre et de rester soudés, pour la simple et bonne raison que nous étions une famille.


Et puis, il y a philia, l’affection plus ou moins importante qu’on ressent pour quelqu’un par amitié. Je suis sûre à 100% que ma vie aurait été bien différente, si je n’avais pas eu mes amis à mes côtés, premièrement lors de mon enfance, puis lors de… ce que le reste de ma vie fut. On est évidemment influencé par les personnes qu’on fréquente et maintenant que je peux regarder avec recul, je pense que j’ai pris toutes les bonnes décisions possibles vis-à-vis de l’amitié.


Mais dans ma vie, étant donné que philia ne pouvait pas être le problème, éros s’en chargea. Et c’est maintenant que je peux valider la seconde partie de la pensée d’Amiel : « vivre dans l’amour sans souffrir est impossible ». Ceux parmi vous qui ont déjà vécu quelques relations amoureuses ne pourront alors que me rejoindre, lorsque je dis que l’amour amène, la plupart du temps, davantage de douleur que de bonheur. Parce qu’être rejeté par quelqu’un est un coup émotionnellement dur à encaisser, mais si les choses avaient été différentes et que le sentiment était réciproque, vous devez savoir que vous ne faites que retarder l’inévitable. Peu importe que vous vous sentiez attiré par cette personne à cause de son physique, de sa personnalité, ou la plupart du temps des deux : dans les deux cas, la béatitude ne sera que de courte durée. Les bons moments passés ensemble peuvent être comptés en jours, en semaines, en mois, ou bien, lorsqu’on est très chanceux, en années, mais l’amour finira par se faire ressentir comme un fardeau, un lourd et inamovible boulet pendant au bout du pied d’un prisonnier. La douleur et la souffrance peuvent se montrer sous différentes formes, mais elles se montreront toujours, et il n’y a rien qu’on puisse y faire.


Je ne peux honnêtement pas nier que l’amour est une très belle chose, capable de tout faire sentir meilleur, mais parfois, il peut aussi être à l’origine de choses terribles, presque inhumaines car, et c’est bien connu, on ferait n’importe quoi par amour. Et quand je dis n’importe quoi, je ne mâche pas mes mots. Je l’ai appris à mes dépens, mais ai fini par accepter les choses telles qu’elles étaient, et continu à espérer le meilleur… quand c’est encore possible.


Mais il y a ensuite le dernier type d’amour, le plus rare, connu sous le nom de pragma. Vous n’en n’avez probablement jamais entendu parler – surtout si c’était déjà le cas avec les précédents – mais ces six petites lettres se réfèrent à bien plus que ce que vous pourriez imaginer. L’amour désigné par pragma est un amour éternel, s’épanouissant dans une parfaite osmose entre les deux individus. Il est dur à trouver – honnêtement, très peu de personnes y parviennent – et encore plus dur à garder. Mais une fois qu’il est acquis, ce qui arrive par la suite n’a plus d’importance : il ne quittera jamais votre cœur. La connexion qui vous lie à cette personne est forte, pure et sincère. C’est un lien si puissant qu’il vous rend capable de comprendre et de pardonner d’une façon que seul lui ou elle pourrait comprendre.


Vous l’avez sûrement deviné, je fais partie des personnes qui ont expérimenté pragma au travers de leur existence. À chaque seconde de chaque journée, je peux encore ressentir ce lien que moi et cette personne ressentions. Un lien incassable, ce qui le rend encore plus dur à laisser derrière soi, et franchement, je doute que j’y arriverai un jour. Parce que j’ai essayé, maintes fois, de m’en débarrasser. Mais au fil du temps, j’ai compris que cet amour était quelque chose que je ne pouvais juste pas fuir.


Ce que vous devez savoir, c’est que j’ai commis un bon nombre d’erreurs dans ma vie, et je ne suis pas la seule. Je me fiche que vous me jugiez ; honnêtement, vous en avez le droit, car c’est ce qui nous rend humain. Mais vous devez tout d’abord comprendre que les circonstances n’ont rien rendu facile et que, en vivant à tout moment dans la peur, la douleur et le chagrin, j’ai pris les décisions qui me semblaient être les meilleures. Alors, je ne cherche pas votre empathie ou votre sympathie, mais si vous avez déjà aimé quelqu’un avec tout votre cœur, vous comprendrez peut-être pourquoi j’ai fait ce que j’ai fait. Et si vous n’avez jamais vraiment aimé, eh bien… espérons que vous ayez de bonnes capacités d’imagination, car quoiqu’il survienne au sein de ce récit, et malgré les nombreux autres éléments et sujets qui seront abordés, l’amour est réellement la clé pour comprendre le tout.


Envie de connaître la suite ?

Contacter l’auteure à lilirose.tardot@gmail.com pour obtenir la version intégrale

(possibilité de l’avoir en anglais, pour ceux que ça intéresse)

14 vues1 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page